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MUSEUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
CONSEIL D’ADMINISTRATION
12 mai 2005
(La séance est ouverte sous la présidence
de M. Chevassus-au-Louis à 9 heures 40)
L’aspect du futur zoo de Vincennes :
extraits de l’intervention de Mme Béraud
« Mme BERAUD – [...] Le parc zoologique
de Paris a été créé en 1934 à l’issue
de l’exposition
coloniale. A l’époque, il représentait un concept
avant-gardiste en matière de technique de construction.
C’est le concept architectural Hagenbeck de présentation
des animaux sans barreaux et
en apparence libres. [...]
Quelle est la définition d’un zoo ? C’est l’abbréviation
familière de « jardin zoologique »,
autrement dit d’un espace naturel reconstitué de présentation
d’animaux sauvages en captivité.
C’est avant tout un lieu de promenade et de loisirs au sein de
la nature où le visiteur vient découvrir
la diversité du monde vivant.
Quel est le rôle d’un zoo ? Les missions sont définies
par les réglementations nationales et internationales.
Il s’agit de faire la conservation des espèces menacées,
de garantir le bien-être animal, d’assurer
la reproduction lorsqu’elle est souhaitable, de participer aux
réintroductions « in situ » si nécessaire
et si possible, de participer à la recherche sur la conservation
des espèces, d’assurer la diffusion
des connaissances et l’éducation du public. [...]
L’une des missions fondamentales est la diffusion des connaissances
et la sensibilisation. [...]
Le parc zoologique de Paris a une histoire qui lui a donné son
identité. le programme de rénovation
doit concilier à la fois le cadre architectural et végétal
et l’adaptation du zoo aux nouvelles normes
internationales.
L’héritage à prendre en compte se traduira par l’existence
des faux rochers, un patrimoine historique
lié au passé colonial, un capital arboré qui donnera
lieu à retrouver les lignes directrices paysagères
conçues lors de la création du parc.
Présentons maintenant les grandes lignes directrices de la rénovation
:
Le concept stratégique :
La mutation du parc zoologique de Paris doit se faire en offrant une
réponse aux préoccupations
écologiques actuelles et futures, dont le thème majeur
est la conservation de la biodiversité mondiale.
Le zoo sera le miroir de la biodiversité dont il rappellera les
trois aspects : la diversité des écosystèmes,
la diversité des espèces animales et la diversité
génétiques des individus.
Ainsi la stratégie à mettre en place est induite
par la notion d’écosystème, élément
déterminant
du concept de la rénovation, fil conducteur à suivre dans
les messages à véhiculer, la présentation
des collections, le choix des espèces animales, le choix des
espèces végétales, l’aménagement
architectural, l’ambiance paysagère, les parcours de visite,
les espaces ludiques et pédagogiques,
les espaces d’accueil et de détente.
Autrefois, la présentation des collections animales se faisait
par une thématique de classification
systématique des espèces ou par une exposition d’une
série d’animaux. par la suite, elle a évolué
vers un type de présentation par continent, puis par biome.
Aujourd’hui, ces concepts –s’ils ont eu une logique-,
sont dépassés ; c’est l’écosystème
qui est le mode
le plus pertinent pour répondre aux enjeux contemporains, notamment
ceux qui concernent les milieux
menacés par les activités humaines.
Autrefois, il s’agissait de présenter une collection d’espèces
la plus importante possible. Cette époque
est révolue. Les conditions de bien-être de l’animal
conduisent à offrir plus d’espace et donc à privilégier
la qualité à la quantité pour bien faire comprendre
la place de l’animal dans l’écosystème.
Quels sont les critères de sélection des écosystèmes
à présenter spécifiquement au parc zoologique
de Paris ? Représenter divers continents ; appartenir à
des hauts lieux de la biodiversité à taux
d’endémisme élevé ; faire l’objet si
possible de recherches «ex/ in situ» au sein du
Muséum ;
intégrer la place de l’homme, ses relations avec le milieu
ainsi que les aspects bio-culturels ;
exposer les problèmes rencontrés et leurs conséquences
sur l’équilibre environnemental à l’échelle
locale ou planétaire.
Quels sont les critères de sélection des espèces
animales au sein d’un écosystème ?
Exprimer la biodiversité (mammifères, oiseaux, reptiles,
amphibiens) ; présenter un intérêt attractif,
pédagogique, scientifique et de conservation ; montrer une espèce
emblématique comme porte drapeau
de son milieu, en particulier s’il est menacé ; présenter
quelques espèces sociales pour avoir
des groupes de plusieurs individus .
Quels sont les aménagements destinés à mettre en
valeur les collections animales ?
Quel est le parti pris de la scénographie ?
Pour présenter ces collections, les aménagements doivent
être souples et évolutifs.
Il faut un parti pris d’ensemble qui préserve l’unité
du parc zoologique de Paris. Une grande attention
sera donnée à une recherche de composition paysagère,
de manière à retrouver une ambiance plus
« collection de jardins » que
« jardins de collection ».
La végétation devra être abondante, offrir une diversité
selon les saisons ? L’évocation doit être
la plus proche possible du milieu naturel.
La présentation des collections concernant les enclos des espèces
animales : ils devront être
moins nombreux, plus grands, enrichis pour éviter les comportements
stéréotypés de l’animal.
Les parcours de visite qui accompagnent la promenade doivent
mettre le visiteur en
situation d’explorateur. Les circulations doivent
être serpentés et organisées à plusieurs
niveaux.
Une présentation destinée à mettre en valeur les
collections animales :
Le public devient de plus en plus critique et exigeant sur le bien-être
des animaux. Il veut avoir
le sentiment qu’ils vivent « en liberté ».
Sa perception d’animaux « heureux » sera renforcée
par la dissimulation des éléments de contrition. [...]
Le public recherche la proximité des animaux et des aménagements
peuvent être réalisés pour permettre
la pénétration du visiteur dans l’enclos. Il peut
s’agir d’un tunnel transparent, d’un rocher à
paroi vitrée,
etc. Le visiteur pourrait lui-même se retrouver en situation inversée,
c’est-à-dire « en cage » face
à des animaux apparemment en liberté. [...]
Nous favoriserons une entrée unique car elle offre des avantages
et permet de bénéficier
d’une plate-forme de services. [...]
7 écosystèmes répartis sur 3 continents ont été
retenus : Europe, Afrique, Amérique du Sud.
Pour l’Europe, les massifs montagneux ; pour l’Afrique,
la steppe sahélo-soudanienne, la forêt
équatoriale, deux écosystèmes à Madagascar,
les rivages du Cap ; pour l’Amérique du Sud,
la forêt tropicale guyanaise.
La mise en place du nouveau plan de collection nécessitera
la construction de deux serres
tropicales :
L’une plus importante, dédiée à l’univers
guyanais ; l’autre, plus modeste, destinée à la
faune et
à la flore malgaches.
Ce type d’infrastructure permet une immersion totale et favorise
la visite du zoo par tous les temps. »
(Reproduction du compte-rendu du Conseil d’administration
du Muséum d’histoire naturelle de Paris)
Le commentaire d’Arca Majore
Comme les divers membres du Conseil d’administration du
Muséum auquel le projet
a été exposé, nous le considérons comme
enthousiasmant. Nous retenons deux mots-
clés : « évolutif », « immersion ».